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Journal personnel d'une journaliste parisienne transgenre

[chronique] Le "César" de l'espoir et des désespoirs...

Publié le 28 Février 2010 par caphi

Après la fameuse cérémonie des César qui récompense les "professionnels de la profession" du cinéma, retransmise en direct et en clair par Canal +, je me suis rendue au Fouquet's, le restaurant des Champs Élysées qui reçoit chaque année le gratin du cinéma français. Reportage en direct live.


"Un Prophète" a raflé neuf récompenses, dont celle du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Jacques Audiard. 
Son réalisateur, Jacques Audiard, le samedi 27 février 2010 au Fouquet's à Paris (8e) - photo caphi

"Jacques Audiard bat son record de 2006, où son film De battre mon coeur s'est arrêté avait remporté huit statuettes. Douze fois nominé, neuf fois primé, Un prophète, qui raconte le parcours d'un jeune détenu (Tahar Rahim) qui va finir caïd au sortir de la prison, a donc été plébiscité. Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur montage, meilleure photo, meilleur décor." [
Le Monde]

NOTA : si les 4 photos n'apparaissent pas ICI, les retrouver sur mon Facebook | Caphi la Webdromadaire (lien direct)

REPORTAGE

A l'entrée du célèbre hôtel, Canal + avait installé un mini studio où le journaliste Laurent Weil interviewe les lauréats et quelques autres "stars". Un studio photo attenant organise aussi les prises de vue.

Après un repas composé de Terrine de foie gras aux poires, d'un Pavé de bar Vieille France arrosé de vins fins et d'un Champagne Cuvée Tsarine, c'est vers 2 heures du matin qu'est servie enfin aux convives une "Douceur craquante gianduja" suivi d'un café Gold Selection.

Les invités repus commencent alors à bouger ; certains continuent à deviser debout et à se congratuler de tables en tables.

La réalisatrice Yamina Benguigui, aussi adjointe de Bertrand Delanoë, chargée des Droits de l'Homme, partage sa table avec Isabelle Adjani, cachée derrière de grandes lunettes noires mais toute auréolée de son César de la meilleure actrice (pour "La journée de la jupe").


Pour Canal +, le journaliste Laurent Weil interviewant Isabelle Adjani, César de la meilleure actrice - photo caphi

Sur scène "Emue, l'actrice a noté le paradoxe d'un film dont "personne ne voulait", d'abord diffusé sur Arte avant sa sortie en salles. "C'est le rôle le plus modeste de ma carrière", a-t-elle noté. C'est aussi son cinquième César de meilleure actrice, après ceux reçus en 1982 pour Possession, d'Andrzej Zulawski, en 1984 pour L'Eté meurtrier, de Jean Becker, en 1989 pour Camille Claudel, de Bruno Nuytten, et en 1995 pour La Reine Margot, de Patrice Chéreau." [Le Monde]

Il est près de 3 heures du matin. Je m'assieds à leur table. Yamina rassure Isabelle sur mon identité ; j'entame une conversation avec l'actrice, mais à cette heure avancée, je ne veux pas prolonger l'échange ; elle est un peu fatiguée ; sur scène, elle avait même fondue en larmes.

Tout ému d'avoir reçu deux prix, celui du César du meilleur espoir masculin et surtout celui de César du meilleur acteur (pour son rôle dans "Un prophète") et de se retouver là "en première classe", le jeune acteur Tahar Rahim passe près de ma table ; J'échange quelques mots avec lui en lui recommandant de "toujours écouter son coeur pour que le nôtre batte fort encore pour lui".
http://www.facebook.com/photo.php?pid=4781835&op=1&view=all&subj=333646409874&aid=-1&auser=0&oid=333646409874&id=632544746
L'actrice Sigourney Weaver félicitant Tahar Rahim, César du meilleur acteur et du jeune espoir masculin - photo caphi

Valérie Lemercier est "contente" de me revoir. Un monsieur du groupe Partouche me tend son numérique pour lui faire une photo avec l'actrice, ce que je fais avec plaisir.

Dans une autre pièce du restaurant, je retrouve l'acteur Fabrice Luchini. Avant de lui rappeler notre première rencontre, il y a déjà plusieurs années, lorsque encore garçon, je lui avais tiré le portrait pour un magazine à l'occasion de son premier rôle, découvert par le réalisateur Eric Rohmer disparu tout récemment. Il me reconnaît tout de même : "Vous étiez un peu moins femme avant, n'est-ce pas ?" me demande-t-il avec élégance.
Nous prévoyons d'échanger par mail, titillé qu'il fut par la conversation engagée autour de ma transidentité.

Dehors, la pluie tombe drue. Devant l'entrée de l'établissement, Sandrine Kiberlain, fragile et longiligne, attend une voiture : "Je sais qu'on doit souvent vous congratuler alors je n'en rajouterai pas; juste pour vous dire que vous êtes pour moi, une des meilleures actrices du cinéma français". Elle est visiblement touchée par cette marque d'amour... cinématographique.

C'est donc à une heure déjà très avancée que les "visiteurs du soir" du cinéma français commencent à s'éclipser. Certains privilégiés ont choisi de poursuivre la fête jusqu'au Club 79, rue Quentin Bauchart tout proche; sur le trottoir ruisselant, un tapis tendu entre le Fouquet's et l'entrée de ce lieu de nuit - que nous appelons aussi "chez Mimi Pinson"- , est découvert de sa bâche plastique par de valeureux "valets" qui ne se départissent pas de leur sourire malgré le déchainement des éléments.

N'ayant pu récupérer le sésame pour l'after des César, malgré les efforts de Yamina Benguigui qui a tenté, lorsque nous étions ensemble au Fouquet's, d'en récupérer un pour moi, je me retrouve pourtant en rade. Sinon, à défaut, elle m'a conseillé de me recommander d'elle et de son équipe à l'entrée.

Mais, pour les "sbires" postés à l'entrée, les consignes sont très strictes : seul un carton par personne permet d'accéder à l'after. Des couples "très bien sur eux" ne possédant qu'un seul "pass" sont aussi quasiment refusés.
J'explique d'abord gentiment la situation et la recommandation qui m'a été faite par Yamina.
Mais, quelque peu irrespectueux en m'appelant "Monsieur" (moi LA transsexuelle qui doit faire"tâche", par conséquent devenue "persona non grata"), je subis un refus catégorique qui me met en rogne. D'autant plus que je reconnais certaines personnes qui n'ont rien à voir avec le cinéma s'introduire sans difficulté dans l'antre de la nuit !
Devant mon insistance, la jeune responsable de la presse finit par sortir me parler mais, intraitable, n'arrange pas les choses : "votre nom n'est pas sur la liste". Je proteste véhemment de son comportement peu professionnel et surtout de son manque de pragmatisme. J'ai beau aussi croisé encore des connaissances, rien n'y fait ! Comme Edouard Baer par exemple. Installé dans une voiture tout près de l'établissement, il demande à un de ses amis - "Je connais Caphi depuis 10 ans" - de négocier pour me laisser entrer ; Cela ne suffit pas : elle reste sur sa position. D'après les échos reçus plus tard, je n'ai rien eu à regretter...

J'en profite pour faire mon enquête sur le trottoir auprès du personnel de sécurité. Hilarité. Difficile d'obtenir des reponses sérieuses (sauf du plus jeune); en effet, malgré mon professionnalisme reconnu, c'est toujours encore difficile d'être prise au sérieux : les "a-priori sur les transsexuelles ont la vie dure...

Devant cet établissement de nuit, je questionne quelques badauds, tel Sofiane, 35 ans, abrité sous un porche. Visiblement désoeuvré, "sans petite amie" m'avoue t-il - et "même pas une bière", regarde passer ce "beau monde" auquel il n'a accès que par petit écran interposé.

Il est 4 H 30 du matin quand je quitte les Champs-Elysées sous la pluie et m'engouffre dans un taxi avec Gurvan, sympathique assistant-réalisateur qui me raconte qu'il n'a pas bossé depuis novembre et que c'est la première fois depuis longtemps qu'il se retrouve avec moitié moins de boulot qu'avant : les temps sont durs même dans le cinéma... mais pas pour tout le monde.

Caphi

BIENTÔT ICI AUSSI MES VIDEOS (interview de Tahar Rahim, César du meilleur acteur et du jeune espoir masculin)

> les NOUVEAUX FILMS en salles et ma SELECTION (mes critiques) dans les Paris de caphi

[le palmarès] Césars 2010 : Le Triomphe d'Un Prophète
Le réalisateur Jacques Audiard réalisateur du film "Le Prophète" (9 César !) et son interprète le jeune Tahar Rahim, César du meilleur comédien et du meilleur espoir masculin - photo caphi

La 35e cérémonie des Césars a eu lieu samedi soir au Théâtre du Chatelet et a vu triompher Un Prophète qui a raflé neuf récompenses, dont celle du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Jacques Audiard. Cette victoire est aussi celle de Tahar Rahim, révélation du film qui remporte à la fois le César du meilleur acteur et du meilleur espoir masculin. Niels Arestrup a quant à lui été récompensé du César du meilleur second rôle masculin.
Avec six nominations, Coco Avant Chanel semble avoir été un peu boudé. Le film d'Anne Fontaine ne se voit décerner que le prix des meilleurs costumes, la seule catégorie où il entrait justement en concurrence avec un autre (et meilleur) film consacré à la célèbre couturière.

Parmi les autres prix décernés, on se réjouit de voir l'une des meilleures comédies de l'année puisque Les Beaux Gosses a reçu le César du meilleur premier film. Du côté des actrices, Isabelle Adjani a été récompensée pour sa performance dans La Journée de la Jupe et n'a pas caché son émotion, tandis qu'Emmanuelle Devos a reçu le prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour A L'Origine.
Le Concert a été récompensé sur le plan musical et sonore uniquement, mais il fallait évidemment souligner la prise de son exceptionnelle de la dernière séquence du film qui nous permettait d'entendre la musique de Tchaïkovski comme si nous étions véritablement dans une salle de concert.

L'un des temps forts de la cérémonie fut par ailleurs la remise par Sigourney Weaver du César d'honneur à Harrison Ford qui va décidément finir par adorer la France puisque c'est la seconde fois en quelques mois qu'il reçoit un prix pour l'ensemble de sa carrière - on se souvient de ses larmes au dernier Festival de Deauville.

Enfin, ce n'est pas Le Ruban Blanc qui a reçu le César du meilleur film étranger mais bel et bien Gran Torino, le dernier Clint Eastwood, qui a su créer un véritable engouement auprès du public comme de la critique. Soulignons par ailleurs que les académiciens ont finalement eu le bon goût de ne pas décerner de prix au documentaire odieusement propagandiste Home puisque c'est L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot qui a été récompensé dans cette catégorie.

Ci-dessous, le palmarès complet :

Meilleur film : Un prophète

Meilleur réalisateur : Jacques Audiard pour Un prophète

Meilleure actrice : Isabelle Adjani dans La journée de la Jupe

Meilleur acteur : Tahar Rahim dans Un prophète

Meilleur actrice dans un second rôle : Emmanuelle Devos dans A l'origine

Meilleur acteur dans un second rôle : Niels Arestrup dans Un prophète

Meilleur scénario original : Un prophète

Meilleure adaptation : Mademoiselle Chambon

Meilleur premier film : Les beaux gosses de Riad Sattouf

Meilleure musique : Le concert

Meilleure photographie : Un prophète

Meilleur espoir masculin : Tahar Rahim dans Un prophète

Meilleur espoir féminin : Mélanie Thierry dans Le dernier pour la route

Meilleurs décors : Un prophète

Meilleurs costumes : Coco avant Chanel

Meilleur son : Le concert

Meilleur montage : Un prophète

Meilleur court-métrage : C'est gratuit pour les filles de Claire Burger et Marie Amachoukeli

Meilleur film étranger : Gran Torino de Clint Eastwood

Meilleur documentaire : L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea

source : filmsactu.com, 28/02/2010
lien de la page : www.filmsactu.com/news-cin
ema-cesars-2010-le-triomphe-d-un-prophete-9137.htm 
 
 

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